Septembre – Octobre 2016
Galerie à l’Écu de France – Viroflay
Les artistes du salon ont exposé sur le thème « Enfance »
HOMMAGE A MAURICE DENIS
1870 – 1943
Après le fauvisme et ses couleurs flamboyantes, voire violentes, Madame de Varine-Bohan et les amis du Souvenir de Corot nous invitent à découvrir un artiste peintre nabi, Maurice Denis, bien connu dans les Yvelines, puisqu’il vivait à Saint-Germain-en-Laye, et que sa demeure, le Prieuré, est devenue aujourd’hui musée départemental.
Les Nabis, dont Maurice Denis est considéré comme l’un des initiateurs et l’un des plus importants, cherchent les voies spirituelles au contact des philosophes. Pour eux la peinture, au lieu d’être « une fenêtre ouverte sur la nature » comme pour leurs prédécesseurs impressionnistes, est d’abord l’expression symboliste d’émotions ou de paysages intérieurs.
Père de neuf enfants, Maurice Denis s’est intéressé à l’enfance et à la place de l’enfant dans la société du début du XXe siècle. L’enfance, monde de l’insouciance, de la douceur, de la légèreté, de la sérénité, du jeu. Il a très souvent peint son entourage, la maternité, la vie quotidienne, les loisirs. Il a même réalisé pour les enfants un album de coloriage, dans la série des Leçons de choses du petit coloriste – recueils originaux proposés par des artistes – pour les initier à la simplification du dessin et de la couleur, caractéristique de l’art de son temps.
L’enfance est donc une clé essentielle de l’œuvre de Maurice Denis et le thème de l’exposition de ce 65e Souvenir de Corot.
Je vous souhaite une belle promenade insouciante à travers le monde de l’enfance au sein de la galerie A l’Ecu de France et je remercie Madame la Présidente, et les membres du Comité, qui contribuent ainsi à faire rayonner la culture à Viroflay.
Olivier Lebrun
Maire de Viroflay
Vice-Président du Conseil départemental des Yvelines
« Ma mère aime les enfants à la folie. Elle a raison, car l’enfant est,
avec la femme, la plus charmante créature de ce monde. »
Maurice Denis – JOURNAL, 1885
« N’avez-vous pas remarqué, lorsque vous revenez de vacances,
qu’il vous reste autre chose que des souvenirs de sport
ou de vitesse sur route ? Il vous reste la vision de la campagne,
de la mer, de la montagne, l’odeur des sous-bois et des landes.
Ce contact avec la nature, faites-y attention, il est bienfaisant,
il est nécessaire, il est à l’origine de toute vocation artistique
comme de toute grande découverte de l’intelligence. »
« […] il me semble que c’est à la fréquentation de ma Terrasse
et de ma forêt de St-Germain que je dois les meilleures
de mes facultés d’artiste. »
« Mais dessinez surtout pour mieux connaître le vaste monde,
et la beauté […]. Et croyez-moi, vous serez plus heureux
et meilleurs si votre cœur vibre à la pureté d’un matin de
printemps, à la douceur d’un ciel d’automne, au galbe d’un bras,
au dessin d’une feuille. »
« Comme vous seriez à plaindre si les nouveautés de la science
faisaient tort dans votre esprit à la naïve magnificence
d’un beau coucher de soleil ! »
pour le journal pour adolescents « Benjamin » (23 novembre 1933, numéro 211)
Maurice Denis
1870 – 25 novembre, naissance de Maurice Denis à Granville.
1884 – Il commence la rédaction de son Journal, ininterrompue jusqu’à sa mort.
1888 – Il entre à l’Académie Julian où il rencontre Paul Sérusier, Pierre Bonnard, Paul Ranson et Henri-Gabriel Ibels, avec lesquels se constitue le groupe des Nabis.
1890 – Il expose pour la première fois au Salon de la Société des Artistes Français à Paris.
1892 – Premier décor profane : Arabesques poétiques pour la décoration d’un plafond. Maurice Denis réalisera toute sa vie des décorations pour des particuliers et des institutions, à Paris, à Meudon, à Saint-Étienne, à Moscou, à Wiesbaden, à Genève entre autres.
1893 – Il illustre Le Voyage d’Urien d’André Gide, qui inaugure une longue série de livres illustrés de lithographies ou de gravures sur bois.
12 juillet, mariage avec Marthe Meurier, dont il aura sept enfants : Jean-Paul (1894, mort à quatre mois), puis Noële (1896), Bernadette (1899), Anne-Marie (1901), Madeleine (1906), Dominique (1909), et François (1915).
1895 – Premier voyage en Italie où il se rendra près d’une vingtaine de fois au cours de sa vie.
1899 – Premier décor religieux pour la chapelle du collège Sainte-Croix du Vésinet (Yvelines) qui sera suivi de peintures ou vitraux – notamment pour Sainte-Marguerite du Vésinet (1901-1903), Saint-Paul de Genève (1914), Saint-Louis de Vincennes (1923-1927)
et le Saint-Esprit à Paris (1934).
1908 – Achat de sa maison « Silencio » à Perros-Guirec où il passe dès lors tous ses étés.
Ouverture de l’Académie Ranson, où il enseigne jusqu’en 1921.
1912 – Il peint Histoire de la musique pour la coupole du Théâtre des Champs-Elysées (Paris).
1914 – Il s’installe dans un ancien hôpital de la fin du XVIIe siècle, « Le Prieuré » à Saint-Germain-en-Laye, dont il décore la chapelle, et qui est devenu le musée départemental Maurice Denis.
1919 – 22 août, mort de son épouse Marthe des suites d’une longue maladie.
Il fonde les Ateliers d’Art Sacré avec George Desvallières.
1922 – 2 février, il épouse Elisabeth Graterolle dont il aura deux enfants : Jean-Baptiste (1923) et Pauline (1925).
1924 – Importante rétrospective au Pavillon de Marsan à Paris.
1925 – Il réalise le décor d’une coupole du musée du Petit Palais, Histoire des arts en France.
1932 – Janvier, il est élu membre de l’Académie des Beaux-Arts.
1943 – 13 novembre, il meurt renversé par un camion boulevard Saint-Michel à Paris.
Né en 1870 à Granville, mais résidant toute sa vie à Saint-Germain-en-Laye, Maurice Denis est l’un des membres fondateurs du mouvement nabi dont il théorise les idées dès l’aube de sa longue carrière. En quête d’une modernité différente de l’impressionnisme, et influencé par la leçon picturale de Paul Gauguin, il s’essaie à de nouvelles formes d’expression artistique. Maurice Denis poursuit sa carrière avec une œuvre plus classique, à la recherche d’un équilibre entre art, foi et amour familial. Il publie de nombreux articles et ouvrages tout au long de sa vie et joue un rôle notoire au cœur de cercles artistiques, littéraires et musicaux de son temps.
Père comblé, Maurice Denis est à la tête d’une grande famille. L’enfant est un motif récurrent dans son œuvre, que ce soit dans des peintures, des dessins intimes ou de grandes compositions – plages, scènes familiales, décorations à thèmes religieux ou mythologiques. Pour lui, il n’y a pas de frontière entre les genres artistiques. Il n’est pas rare qu’une Madone emprunte ses traits à son épouse, et que le visage de l’Enfant Jésus soit celui d’un de ses enfants. Catholique fervent, Maurice Denis lie intimement l’art et la vie. Il représente des enfants dans leurs activités du quotidien, jeux, repas, ou devoirs, et ce, dans l’instantané des attitudes ou émotions de leur âge. Sont exposés aujourd’hui en ce sens, Dominique sur l’Isard, Bernadette à la pomme ou Madeleine peignant.
Hormis son immense œuvre de peintre – plus de 2000 tableaux – Maurice Denis est connu pour ses activités de décorateur – décor mural et arts décoratifs – mais aussi de photographe et d’illustrateur. S’il manie habilement le crayon lithographique, la plupart des compositions de ses ouvrages sont gravées sur bois par Jacques Beltrand, un de ses plus fidèles amis. Maurice Denis réalise ainsi près d’une trentaine de livres illustrés, qu’il s’agisse d’ouvrages littéraires (poésie et théâtre), religieux ou historiques. Les Poèmes de Francis Thompson sont publiés en 1942, quand l’artiste renoue avec la lithographie.
Sa carrière est brutalement interrompue par son décès accidentel le 13 novembre 1943.
Clémence Gaboriau
TROIS JEUNES PRINCESSES
Il existe différentes variantes de cette chanson populaire, voici celle chantée dans la famille de Maurice Denis.
- Derrière chez mon père,
Vole, mon cœur, vole !
Derrière chez mon père,
Y’a un pommier doux.
Y’a un pommier doux
Tout doux, et you-ou !
Y’a un pommier doux.
- Trois jeunes princesses,
Vole, mon cœur, vole !
Trois jeunes princesses,
Sont assis’s dessous.
Sont assis’s dessous.
Tout doux, et you-ou !
Sont assis’s dessous.
- Sœurs, dit la première,
Vole, mon cœur, vole !
Sœurs, dit la première,
Je crois qu’il fait jour.
Je crois qu’il fait jour
Tout doux, et you-ou !
Je crois qu’il fait jour.
- Sœurs, dit la seconde,
Vole, mon cœur, vole !
Sœurs, dit la seconde,
J’entends le tambour.
J’entends le tambour
Tout doux, et you-ou !
J’entends le tambour.
- Sœurs, dit la troisième,
Vole, mon cœur, vole !
Sœurs, dit la troisième,
Ce sont nos amours.
Ce sont nos amours
Tout doux, et you-ou !
Ce sont nos amours.
REMERCIEMENTS
L’équipe qui prépare le Catalogue raisonné de l’œuvre de Maurice Denis,
sous la direction de Claire Denis et Fabienne Stahl, ainsi que Clémence Gaboriau
www.mauricedenis.com
La Société des Amis de Maurice Denis et son président, Me Antoine Tchekhoff
www.amismauricedenis.org
La famille de Maurice Deniset les prêteurs qui ont préféré garder l’anonymat
Lilyane Souche et Béatrice Bodo-Lutin pour la retranscription de la partition musicale
de la chanson « Trois jeunes Princesses »
Le musée départemental Maurice Denis, ouvert dans l’ancienne maison du peintre
à Saint-Germain-en-Laye, présente les œuvres de cet artiste et de ses amis Symbolistes et Nabis
www.musee-mauricedenis.fr